dana hilliot<p>DESERTEC 3.0 – ou le “NÉOCOLONIALISME VERT” (Hamza Hamouchene)</p><p>Je ne saurais trop conseiller à tous ceux qui s’intéressent aux politiques de transition énergétique et écologique à l’horizon de la catastrophe climatique, de lire le volume paru récemment, Dismantling Green Colonialism. Energy and Climate Justice in the Arab Region, édité par Hamza Hamouchene et Katie Sandwell (Pluto Press, 2023). Les auteurs se penchent sur la manière dont les États du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) articulent leurs politiques énergétiques, notamment la production d’électricité, aux nouveaux récits internationaux promulgués sous le titre de “transition verte”. Quasiment toute la région constitue une réserve de ressources énergétiques “carbonées” dans lesquels la plupart des pays européens, depuis l’époque coloniale, ont puisé pour assurer leur prospérité et le train de vie de leurs habitants. Ces politiques extractivistes n’ont évidemment pas cessé avec les indépendances, et se poursuivent jusqu’à aujourd’hui sous l’égide des politiques de développement et les “programmes d’ajustement structurels” menées par les institutions internationales, la banque Mondiale, le Fond Monétaire International, le Fond européen de développement, et bien d’autres.</p><p>Au sein des pays de la MENA, il existe évidemment d’énormes différences entre les plus riches, à commencer par les États du Golfe, dont l’hégémonie régionale se traduit par l’accaparement de terres agricoles, le financement de méga-projets énergétiques, sans parler de l’influence politique et militaire, et les pays dont la population est plus pauvre et la puissance économique moindre. Deux passionnants articles sont consacrées aux politiques ambivalentes des États du Golfe en matière de transition “verte” (le chapitre 11. “A Transition to Where? The Gulf Arab States and the New ‘East-East’ Axis of World Oil” par Adam Hanieh et le chapitre 13<br>“Unjust Transitions: The Gulf States’ Role in the “Sustainability Shift” in the Middle East and North Africa” par Christian Henderson). Vous comprendrez mieux ce qui se joue derrière cette décision apparemment absurde ou à tout le moins provocatrice d’accorder à l’Égypte, puis aux Émirats Arabes Unis, et demain à l’Azerbaïdjan, l’organisation des COP 27, 28 et 29 ! De manière plus générale, et je reviendrais sur ce point dans une autre synthèse, cette influence désormais majeure des États du Golfe sur le capitalisme mondial s’inscrit dans la réorientation des échanges selon des axes SUD/SUD, par exemple les flux d’une importance cruciale qui mettent en relation les nouvelles puissances que sont la Chine ou l’Inde avec l’Amérique Latine, l’Afrique, et une bonne partie de l’Asie et du Moyen-Orient. Ce qui doit nous amener à modifier la vision classique des articulations néoloconiales entre l’Occident et le “Global South” (articulations qui n’en restent pas moins tout à fait actuelles).</p><p>Les différentes études proposées dans ce livre, qu’elles portent sur les États du Magrehb, l’Égypte, le Soudan, la Palestine, la Jordanie, ou le Soudan, décrivent des systèmes de domination économique typique du capitalisme néocolonial, fondé sur l’extraction excessive des ressources locales par des compagnies étrangères (souvent européennes), leur importation à bas prix, l’accumulation de capital qui en résulte pour les exploitants, la dépossession des populations autochtones, notamment dans les régions rurales ou délaissées par l’État, et l’interminable sous-développement dans lequel elles demeurent plongées : il est fréquent qu’aux abords de certaines centrales énergétiques high-tech, les populations autochtones n’aient qu’un accès limité à d’électricité et à l’eau potable, quand elles n’en sont pas tout bonnement privées.</p><p>Dans une étude de synthèse, dans l’introduction puis le premier chapitre du recueil qu’il coédite, Hamza Hamouchene donne plusieurs exemples de grands projets visant à la production d’énergies “renouvelables” dans les pays du Maghreb, et particulièrement dans les régions désertiques, menés par des compagnies européennes ou des pays du Golfe, avec l’aval des dirigeants locaux, qui tous répondent avec enthousiasme aux préconisations des institutions de financement internationales : libéralisation et privatisation sont au menu (et l’on brade ainsi non seulement les ressources locales, mais on perd également toute souveraineté sur la gestion de ces ressources – au détriment des populations les plus pauvres).</p><p>Hamza Hamouchene consacre au faramineux projet Desertec 3.0, la dernière partie de son étude (Chapitre 1 : « The Energy Transition in North Africa: Neocolonialism Again! » : j’en propose ici quelques extraits traduits, que vous pourrez lire ici :</p><p><a href="https://outsiderland.com/danahilliot/hamza-hamouchene-desertec-3-0-ou-le-necolonialisme-vert/" rel="nofollow noopener noreferrer" translate="no" target="_blank"><span class="invisible">https://</span><span class="ellipsis">outsiderland.com/danahilliot/h</span><span class="invisible">amza-hamouchene-desertec-3-0-ou-le-necolonialisme-vert/</span></a></p><p><a href="https://climatejustice.social/tags/colonial" class="mention hashtag" rel="nofollow noopener noreferrer" target="_blank">#<span>colonial</span></a> <a href="https://climatejustice.social/tags/GreenTransition" class="mention hashtag" rel="nofollow noopener noreferrer" target="_blank">#<span>GreenTransition</span></a> <a href="https://climatejustice.social/tags/MENA" class="mention hashtag" rel="nofollow noopener noreferrer" target="_blank">#<span>MENA</span></a> <a href="https://climatejustice.social/tags/desertec" class="mention hashtag" rel="nofollow noopener noreferrer" target="_blank">#<span>desertec</span></a></p>