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Bancarisation en UEMOA

didiermary.fr/bank-unbanked-ba

La bancarisation en UEMOA, et ailleurs sur le continent, revient dans de nombreuses interventions, tant par des startups FinTech, que les “cryptobros” ou les institutionnels. Partout, on peut lire que le “numérique” va sauver l’Afrique (Bitcoin en particulier, mais ça n’arrivera jamais, croyez-moi…), que le continent va faire un bond [...]

Crypto en 2023

didiermary.fr/crypto-2023/

Alors que j’organisais mes nombreuses notes et références pour ce billet « Crypto en 2023 » (qui au final sera réparti sur 4 billets au moins…), après m’être penché sur le « whataboutism » dans un billet précédent et sur une analyse de l’état général de la blockchain en 2023, voilà que l’actualité me rattrape avec les mésaventures (très sérieuses !) de Binance et Coinbase, entre autres. Je vais donc faire un tour d’horizon de l’écosystème cryptos à aujourd’hui, que je complèterai si besoin par des billets plus spécifiques.

Pour simplifier (TL;DR) : c’est la fin annoncée des cryptos… Pas une fin immédiate ou instantanée, non, non… une mort à petit feu, avec les soubresauts d’un écosystème à l’agonie, pendant que les projets Web3, DeFi ou DAOs se liquéfient petit à petit. La fin prochaine des grands exchanges, Binance et Coinbase, après FTX, qui permettent de manipuler, stimuler fictivement et simuler la capitalisation boursière (market cap), va laisser quelques petits joueurs entretenir le feu, dans les pays du « Sud », en Afrique en particulier, mais ils auront de plus en plus de mal à faire illusion.
Les gros joueurs, les anciens du poker et les mafias blanchisseuses d’argent, n’auront plus accès à leurs « casinos » préférés et le vrai argent ne rentrera ou sortira plus qu’avec très grandes difficultés, fautes de banques agissant en complicité (PS : ils trouveront autre chose, soyez en sûr !).

A force de jouer avec le feu, on finit par se brûler… Le ciel n’a pas fini de tomber sur la tête de certains, et ce sont surtout les « petits investisseurs », à qui l’on avait promis la liberté financière et plus encore, transformés en « bagholders« , qui en auront le plus pâti, comme à chaque fois, malheureusement…

La magie n’opère plus, faute de crédules en quantités suffisantes, alertés enfin par l’action des autorités de régulation. Le grand délire de la révolution « techno-financière » ne fait plus recette. Il est temps de passer à autre chose (PS : les VCs sont déjà à fond sur l’IA !).

Sommaire

Depuis l’explosion retentissante de Terra/Luna, suivie quelques mois plus tard par l’effondrement de FTX (EN), sans oublier Celsius, 3AC et j’en passe, les nombreux doutes sur le bien fondé ou non de laisser les cryptobros faire ce qu’ils veulent avec leur « innovation financière et/ou technologique » commencent à s’avérer de plus en plus judicieux. Et c’est sur le plan légal que les choses se gâtent majoritairement…

Si de nombreux pays, bien qu’ayant implicitement ou explicitement banni l’usage des actifs numériques, sont au final en mode laisser-faire, d’autres commencent sérieusement à soit légiférer pour encadrer leur usage global, soit vouloir appliquer les outils réglementaires dont ils disposent déjà.

Remarque importante : si vous étudiez le passé de nombreux fondateurs ou dirigeants de plateformes cryptos, exchanges et autres, y compris leurs avocats ou en charge des questions règlementaires liées à leur activité, vous découvrirez que beaucoup ont, à un moment donné de leur carrière, eu des activités en lien avec les sites de jeux en ligne, poker par exemple, ou les sites de paris sportifs, sans compter ceux qui ont directement été impliqués avec des mafias d’origines diverses.
Et c’est logique : 1 – l’appel des cryptos vers le public fonctionne majoritairement sur les mêmes ressorts psychologiques, 2 – il faut bien connaitre les rouages techniques et financiers pour mettre en place les fraudes prévues.
De nombreuses plateformes, comme les casinos du monde réel, servent soit au blanchiment d’argent, soit à des détournements de fonds divers (jeux truqués…). Les cryptobros en chef ont donc une connaissance profonde de tous ces mécanismes, et de comment les masquer, aussi longtemps que possible, vis-à-vis de l’extérieur.

Echecs et erreurs

Après presque 15 années d’existence, on est en droit de se poser la question de l’utilité des actifs numériques.
Il n’y en a absolument aucune, ni aujourd’hui, ni demain (it’s early! disent-ils…).
Voici une liste synthétique des échecs et erreurs les plus notables, sans même parler des externalités, impacts collatéraux par répercussion (externalities), qui ne sont plus à démontrer :

  • Les cryptos ne peuvent pas fonctionner en tant qu’investissement parce qu’il n’y a aucune transparence de l’activité, aucun suivi réglementaire, aucune protection des consommateurs, ni assurance, un faible niveau d’autorisations légales d’exercer, souvent contournées (les lignes commencent à bouger un peu, avec de nouvelles réglementations récentes), et point important, pas d’exigences en matière de fonds propres.
    L’écosystème global s’avère de plus n’être qu’un corps malade, tellement contaminé par toutes les manipulations de marché, les délits d’initiés et les fraudes en tous genres, que les investisseurs « normaux » n’ont aucune chance de s’en sortir, dès lors qu’ils mettent un doigt dans l’engrenage.
  • Les cryptomonnaies ne sont pas, et ne fonctionnent de toutes façons pas comme, des monnaies parce que leur prix est trop volatil, les frais trop élevés et variables, les taxes (que les utilisateurs sont éventuellement amenés à payer) très lourdes et les risques presque infinis. Comment peut-on les accepter comme moyen de paiement alors qu’une vente effectuée par ce moyen peut avoir perdu beaucoup de sa « valeur » dès le lendemain ?
  • Les actifs numériques ne peuvent constituer une réserve de valeur, parce qu’ils n’ont ni valeur intrinsèque, ni d’usage. Cette propriété d’un actif permet de mesurer sa valeur réelle. Les cryptomonnaies ne représentent pas une valeur à conserver, mais uniquement un prix qui est basé sur la théorie du plus grand fou.  
  • Les cryptomonnaies échouent en tant que marché financier, car la fameuse « gigantesque » capitalisation boursière (market cap) tant vantée partout et sur tous les tons, ne connaît pas de réelles hausses (ou baisses). En fait, les méthodes et données, traditionnellement utilisées pour évaluer la capitalisation, sont confrontées dans le cadre des crypto-actifs à de multiples barrières : fausses transactions (manipulation de marché, dont wash trading), actifs comptabilisés plusieurs fois alors qu’ils ne font que circuler d’une plateforme à une autre par exemple, prise en compte de jetons perdus ou détruits, sans oublier toute une série d’autres informations volontairement erronées (truquées ?), qui sont malgré tout intégrées dans les chiffres pour les gonfler, voire pour justifier des opérations souvent illicites, ou au moins irrégulières.
    [A lire sur ce sujet :
    Why Crypto’s Market Cap Never Booms, or Busts, as Much as You ThinkCryptocurrency market-capitalization measures are distorted by misleading trades, double counting and lost coins – WSJ – 08/2022
    Cryptocurrency « market caps » and notional value – Molly White – 07-2022]
  • Les actifs numériques ne permettent pas de lancer une grande révolution égalisatrice pour les personnes non- ou sous-bancarisées (under- & unbanked), parce que cette « solution techno-financière » ne peut résoudre (et ne résoudra jamais) les problèmes fondamentaux de l’inclusion financière et de la justice sociale (le sujet de discussion favori des maximalistes crypto, Bitcoin en particulier).
    En fait, les cryptos sont tout le contraire : un exemple parfait d' »inclusion prédatrice » et de fraude par affinité, orchestrée sans vergogne pour duper les défavorisés et les désabusés du système en place.
    Et c’est réellement dramatique : les victimes exploitées par les crypto-actifs sont malheureusement trop souvent celles qui n’ont pas les moyens de perdre ce qu’elles ont parfois difficilement acquis, puis « investi ». Malgré tout, afin de faire rentrer des liquidités dans la « lessiveuse », les communautés défavorisées et les classes mécontentes de leur sort sont spécifiquement ciblées sous les auspices d’un monde meilleur et d’un futur radieux, qui ne viendra jamais…
    [A lire sur ce sujet :
    Where Platform Capitalism and Racial Capitalism Meet – The Sociology of Race and Racism in the Digital Society – ASA – 10/2020
    From El Salvador to South Africa, cryptocurrency evangelists are trying to persuade the world’s poor to use bitcoin. Not everyone is convinced they’re helping – Insider – 08/2022
    Debunking the narratives about cryptocurrency and financial inclusion – Tonantzin Carmona – 10/2022]

Je reviendrai sur certains de ces points, en particulier le dernier sur l’inclusion prédatrice, dans des billets dédiés.

Bitcoin et les cryptos offrent aux désenchantés des perspectives d’enrichissement rapide et sans travail, couplées à une vision du monde toute-faite qui promeut une supposée émancipation plus globale.

Usbek & Rica, extrait du livre « No Crypto«  de Nastasia Hadjadji

Securities vs commodities

Si vous suivez l’actualité américaine, vous avez beaucoup entendu parler de « securities » (titres ou actifs financiers) en opposition au terme « commodities » (matières premières ou marchandises) lors des débats sur les actifs numériques, dont Bitcoin.
Aux USA, les « securities » sont des instruments financiers, dont la régulation est principalement assurée par la SEC (Securities and Exchange Commission).
Globalement, ce sont des contrats d’investissement qui impliquent un placement d’argent ou de biens, dans une « entreprise », une activité commune, et où les profits sont générés par les seuls efforts de personnes autres que l’investisseur lui-même.
Une très grande part de l’industrie crypto ne souhaite pas que certains actifs numériques soient classifiés comme « securities« , au risque de se retrouver dans la juridiction de la SEC (ce que « Big Crypto » veut éviter à tout prix…).
Néanmoins, suite à ce qu’il vient de se passer avec les actions judiciaires contre Binance et Coinbase, un nombre croissant de cryptos parmi le top 100 a été clairement déclaré « securities » par le régulateur. Gensler a d’ailleurs signalé qu’il considérait déjà dans le passé que presque tous les crypto-actifs étaient des « securities« , à l’exception peut-être de BTC et ETH.

US securities law says that various things, including any « note, stock, … bond, debenture, evidence of indebtedness, certificate of interest or participation in any profit-sharing agreement, collateral-trust certificate, preorganization certificate or subscription, transferable share [or] investment contract, » are securities. « Investment contract » is the vaguest of those terms, so when the SEC argues that something weird and novel is a security, it usually argues that it’s an investment contract. And the Howey test says that an investment contract is « an investment of money in a common enterprise with profits to come solely from the efforts of others. »

Opinion by Matt Levine – Bloomberg – June 12, 2023

Le contexte de la loi est clair, mais les passionnés de cryptos préfèrent considérer qu’il y a un manque global de clarté réglementaire pour l’écosystème et c’est devenu le principal sujet de discussion, voire un cri de ralliement parmi ses défenseurs, y compris les avocats spécialisés FinTech.

Non-Conformité légale

Une chose est claire : les cryptobros et les dirigeants des grandes plateformes de cryptomonnaies (« Big Crypto ») ont décidé que l’environnement légal existant ne leur convenait pas et qu’il était absolument nécessaire que tout le monde les laisse fonctionner comme ils l’entendaient, au besoin en leur créant des législations sur mesure.

Le conflit qui oppose donc désormais les autorités de régulation, au moins aux USA, mais pas seulement, aux exchanges en particulier a pour origine cette déconnexion entre les lois existantes, parfaitement applicables, et la volonté des opérateurs cryptos au sens large de considérer que leur « innovation » nécessite des règles spécifiquement adaptées. Mais, c’est surtout un écran de fumée, pour masquer la (sinistre) réalité de cet écosystème.

Quelle est-elle ? Que le fameux écosystème crypto n’est qu’un gigantesque mille-feuille de sociétés-écrans, de prête-noms, d’une multitude de comptes bancaires ouverts partout sur la planète, de préférence dans les paradis fiscaux, sous des noms d’emprunt ou des sociétés fictives… et que l’on retrouve les mêmes personnes un peu partout dans ce réseau d’entreprises majoritairement offshore.

Cela permet à une poignée de dirigeants (SBF ou CZ par exemple) de créer de grands casinos hors de toute règlementation, où les investissements sont manipulés comme de faux jeux de hasard, où ils peuvent s’entendre les uns avec les autres, proposer du blanchiment d’argent sous forme « industrielle », tout en échappant aux sanctions et pratiquer en toute liberté les arbitrages qui les arrangent, autour de jetons fictifs sans valeur intrinsèque.

Les institutions de régulation ont fait la même erreur qu’avec les subprimes, qui ont déclenché la crise de 2008 : elles ont laissé faire, sans protéger le public du danger de produits financiers que personne ne voulait réellement comprendre.

Et au bout de 15 ans, « Big Crypto » ayant eu le temps de monter son mille-feuille et tisser de nombreux liens à tous les niveaux de la vie politique, financière ou mafieuse, se mettre en conformité est hors de question, car cela nécessiterait des changements drastiques, ni prévus, ni désirés.

Congress should stop trying to make crypto happen
"Republican proposal for new legislation would legitimise the digital asset industry and undermine investor protection"

"This kind of legislation would soon become outdated, because it is so closely tied to how the crypto industry and its underlying technology operate at this particular moment in time. Its complexity would also undoubtedly create many loopholes for the crypto industry to exploit."

ft.com/content/3c84c0f1-ade5-4

#Crypto #USA

— DJM (freelance for hire) (@cybeardjm) 2023-06-13T14:56:13.846Z

Voilà pourquoi le slogan principal de la crypto en 2023, comme pour les promoteurs de la technologie blockchain d’ailleurs, est « Innovation and regulation should be partners, not adversaries » (innovation et régulation devraient être partenaires, pas adversaires) : donnez-nous un environnement règlementaire que nous vous préparerons avec les députés et sénateurs que nous avons achetés, et laissez-nous profiter en paix de notre « innovation techno-financière » à base de MLM et Ponzi…

Remarque : si un exchange se met soudainement à limiter drastiquement les retraits et transferts de ses « utilisateurs », en particulier ceux qui n’ont pas encore prouvé leur identité (KYC), ou en demandant de plus en plus de preuves d’identification, c’est un signal d’alarme fort, pour indiquer un risque certain d’insolvabilité ou d’illiquidité (cf. plus bas).

Une règle de base est que tous les exchanges sont des entreprises criminelles d’une manière ou d’une autre. La seule question est quel est le réel niveau de fraude… Si vous avez de la chance, ils n’enfreignent que la réglementation.

Etat de la crypto en 2023

Les cryptos ont échoué sur tous les plans imaginables : technologique, idéologique, sociologique, psychologique, politique, éthique, et bien évidemment économique.

Les cryptos ont de fortes répercussions dans le présent.
Les cryptos ne sont que des jeux d’argent prédateurs.
Les cryptos ne sont pas des innovations.
Les cryptos n’ont pas de valeur.
Les cryptos n’ont pas d’avenir.

Même avant la débâcle FTX début novembre l’année dernière, l’état général des actifs numériques commençait à se dégrader sérieusement, avec les premières étapes du crypto-krach, suivi par une prise de conscience élargie par de multiples experts technologiques ou financiers, regroupés sous la dénomination (simplifiée) de crypto-sceptiques.

Aujourd’hui, le « crypto winter » continue et les « cryptomonnaies » demeurent un danger clair, voire omniprésent, pour les marchés financiers et le système économique global, sans parler de tous les petits épargnants (investisseurs ?) qui y perdent. On le voit avec l’écroulement en cascade d’acteurs divers et variés, que ce soient des exchanges, des market makers et maintenant des banques, directement impliquées ou non.

Pourquoi un risque global ? Tout simplement, car des entreprises cotées en bourse ont beaucoup misé sur Bitcoin, et quand les cryptos s’écroulent, leurs finances prennent un coup sérieux, et peuvent engendrer la mise en place de mesures drastiques, de la cessation de certaines activités à la banqueroute. Les pouvoirs publics suivent cela de très près, car ils veulent tout autant éviter la contamination générale et couper les branches pourries ou hors du champ purement légal, comme a commencé à le faire la SEC aux USA.

Ce à quoi on assiste désormais est la conjonction, à divers niveaux, de crises de confiance, de liquidité et aussi de solvabilité (ces 2 derniers concepts n’étant bien évidemment pas synonymes), qui peuvent générer des « ruées vers la banque » (bank run) à répétition.

Alors bien sûr, les crypto-maximalistes crieront sur tous les toits qu’il ne s’agit que de « crises de liquidité », que ce n’est que temporaire, que « manquer d’argent » cela peut arriver… En fait, ils tentent juste de faire croire à ceux qui le veulent bien, qu’ils ne sont pas responsables des pertes financières, qui ont pour origine leur bêtise, leur cupidité ou les crimes qu’ils ont commis.
Le plus souvent, ils ne sont pas à cours de liquidités, mais purement et simplement insolvables. Pour bien comprendre la différence, lisez cet article de Frances Coppola (EN).

D’ailleurs, la majorité des « cryptobros » ne connaissent absolument rien à l’histoire de la monnaie, et sont persuadés que tout a commencé avec l’or et l’argent… Ils n’ont aucune idée du fait que plus de 3000 ans avant, il y avait déjà des systèmes pour gérer les reconnaissances de dette, sur tablettes d’argile, avec de simples bâtons de bois, sans oublier la monnaie de pierre (qui n’est pas un ancêtre de Bitcoin !).

#Wikipedia – The French version of the Rai Stones article fr.wikipedia.org/wiki/Monnaie_ references them as ancestors to #Bitcoin (without any note or comment), where the English version doesn't use the word bitcoin at all, except in a footnote pointing to a PDF where the matter is discussed: financeandsociety.ed.ac.uk/ojs

"The analogy between Bitcoin and Yapese stone money is based on proposed commonalities that are inaccurate, ill-defined, and/or trivial."

FYI @molly0xfff

— DJM (freelance for hire) (@cybeardjm) 2023-03-12T22:17:45.310Z

Tout le cirque passé et présent des cryptos nous ramène à l’histoire de la finance et des monnaies privées, car les fous de Bitcoin et autres actifs numériques tentent depuis 2009, de revisiter l’histoire financière, et principalement ses erreurs et échecs aussi vite que possible.
Et s’ils s’imaginent que les mêmes manières de faire conduiront à des résultats différents, car cette fois-ci il s’agirait « d’innovation technologique » (?), ils se trompent lourdement. Les cryptos, dont Bitcoin, ne sont pas et ne seront jamais des monnaies dans notre monde réel !

Beaucoup de « crypto-entrepreneurs » ne comprennent rien au système financier existant et en fait, s’en moquent totalement.
Pourquoi ? Car, contrairement à leurs discours parfois enflammés, ils n’ont aucune intention de le remplacer avec leur écosystème crypto (la fameuse disruption vue ou subie dans d’autres domaines ces dernières années). Leur seul focus est de pouvoir faire du « pump & dump » à outrance, car « le prix doit monter vers la lune ! » (number go upto the moon).

Construire un service ou un produit (ces dernières années les startups Fintech ont explosé partout sur la planète), c’est compliqué et ça prend du temps. Il faut monter un modèle économique, le tester, le confronter à la réalité…
Les crypto-entrepreneurs n’ont pas ce luxe et la majorité n’est de toute façon absolument pas là pour créer de la valeur (sauf pour eux-mêmes), même si l’on voit des appels au « Build! » fleurir régulièrement.

Et donc, ils bricolent des « solutions », et se lancent à la recherche d’investisseurs (qui se souvient de l’époque des ICOs en 2017…), pendant que des influenceurs rémunérés vont répéter sans relâche qu’ils vont libérer les populations sous-bancarisées, faciliter les transferts transfrontaliers et lutter contre les banques centrales « qui passent leur temps à imprimer des billets ».
Mais surtout ne demandez pas ce que cela signifie, car ils n’en savent absolument rien… Comme ils n’ont en plus jamais fait de virement international ou envoyé d’argent par un service de transfert (remittance) vers un pays du « grand Sud », il vous sera expliqué que les délais sont rédhibitoires (10 à 15 jours !) ou les frais gigantesques (au moins 10% !). Ce qui est bien sûr absolument faux.

Les plus futés savent très bien que le temps leur est compté, avant que les autorités de régulation ne les rattrapent. Ils prient juste tous les matins de continuer le plus longtemps possible à passer à travers les mailles du filet, tout en se remplissant les poches au plus vite. Ils savent très bien que leur système repose sur le faux-semblant et que les stupidités du style « mes jetons sont tous 100% décentralisés sur une blockchain, donc ils ne peuvent pas être considérés comme des actifs financiers ! » ne les sauveront pas indéfiniment.
Ils savent aussi que leur comptabilité inexistante (FTX a fait très fort à ce sujet), leur absence ou insuffisance de contrôles anti-blanchiment (AML) ou d’identification des clients (KYC), voire leur incompétence pure et simple, leur seront fatales, dès lors que la machine juridique se mettra en marche (mais ses rouages sont très lents…).

Ce qui est incroyable, c’est que le monde de la finance est réellement propice à la disruption : BaaS (Bank as a Service), Open-Banking et APIs, Embedded Banking, Mobile Money… Si l’on pose les bonnes questions aux autorités de régulation, elles ont plein de choses passionnantes à dire, à expliquer et sont prêtes à accompagner ceux qui cherchent vraiment à innover en leur fournissant les bonnes pistes ou des sandboxes pour tester.
Franchement, c’est beaucoup plus simple que de vouloir porter les chaînes d’approvisionnement sur une blockchain…

La vraie innovation financière est « facile » pour qui veut se donner la peine.
Il faut juste prendre le temps de comprendre comment ça fonctionne et d’évaluer des pistes d’amélioration ou d’optimisation.
Mais les crypto-entrepreneurs sont à la fois paresseux et avides d’argent, rapidement amassé qui plus est.

PS : les maximalistes crypto vous diront qu’ils comprennent très bien comment la « finance traditionnelle » fonctionne, mieux que le citoyen lambda en tout cas, mais qu’ils considèrent que ce n’est pas aux états et à leurs institutions de décider comment l’argent doit fonctionner, qu’ils considèrent corrompus.
Si l’on peut être 100% d’accord sur le fait de ne pas avoir confiance en ceux qui nous dirigent, le « pouvoir » politique et économique dans notre XXIème siècle, la manière dont ils entendent changer et gérer le système porte largement à discussion.

Conclusion

La crypto en 2023 ne sert toujours à rien.

Et pire, même dans un contexte illégal, elles ne sont pas le meilleur moyen pour transférer de l’argent. Si vous enfreignez la loi, avez-vous vraiment envie que vos transactions soient inscrites sur un grand livre immuable et public ? (Oui, il y a les mixeurs, la pseudo-anonymisation, etc. et ce n’est pas toujours aussi facile de suivre la trace des opérations malgré les outils qui existent désormais).
Et les fameux intermédiaires, qui devaient disparaitre définitivement grâce à cette « innovation techno-financière », ont été remplacés par de nouveaux qui sont des passages obligés pour convertir des jetons en vrai argent… chaque étape nécessitant de payer des frais, des risques de détournements potentiels et surtout de se faire démasquer (on le voit dans de nombreuses enquêtes, c’est souvent le travail d’investigation « à l’ancienne » qui permet de remonter vers les coupables, pas l’analyse des blockchains).

Concluons ce déjà long billet sur 2 points :

1 – la fameuse décentralisation, tant vantée comme la base du futur de la monnaie, n’est qu’un slogan, pour manipuler les gogos. Les cryptos finissent toujours par « recentraliser » la gouvernance sous une forme ou une autre, y compris Bitcoin.
Un exemple récent : les transactions des clients du service « Multichain » ont été suspendues, car les employés de la société ne pouvaient pas accéder aux serveurs pour les maintenir, le CEO ayant été arrêté par les forces de l’ordre.
Des « circonstances imprévisibles« , un cas de « force majeure », bien sûr.
Quand on pense que ces crypto-entrepreneurs se disent professionnels, imaginez si ces plateformes employaient des amateurs…

2 – l’argent des VCs fuit les entreprises crypto depuis le début de l’année : globalement les montants investis ont été divisés par un facteur d’au moins 5, par rapport à l’année dernière (si l’on considère que la tendance va continuer sur le reste de l’année).

Le « Crypto Winter » a de beaux jours devant lui…

Once-High-Flying #Crypto Funds Are Hardly Drawing Any Investor Attention

"Investors seen abandoning sector without plans to come back"

archive.ph/x0Msb (Bloomberg, PW removed)

— DJM (freelance for hire) (@cybeardjm) 2023-06-13T17:40:46.356Z

A suivre…

Voir aussi :

Humour

Réécoutons John Oliver sur HBO en 2018 : « Everything you don’t understand about money is combined with everything you don’t understand about computers. » Ne venez pas dire que vous n’aviez pas été prévenus…
[Remarque : la version qu’il a réalisée en 2023 est dans le prochain billet.]

https://www.youtube.com/watch?v=g6iDZspbRMg

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FTX in Africa (updated)

🔗 https://www.didiermary.fr/ftx-africa-impact/

Here’s a quick update on the impact of FTX in Africa, as of mid-June 2023.
The original post was published in February 2023, as an extended version of the one I did in French on LinkedIn in November 2022, translated to English.

Update 06/2023:

  • MARA has laid off 85% of workforce since end of 2022. MARA received a huge funding from FTX and Coinbase, but they probably burnt a lot of cash and there’s probably no new money injection coming on the horizon.
    Read here and here.
  • Chipper Cash lays off more employees, including COO, VP of Marketing and Kenya’s Country Director, the 3rd round since last year, as part of its previously announced restructuring plan, to focus on core products and markets, but « the crypto department is still operationnal ». The FinTech was funded in 2021 by FTX and Silicon Valley Bank (SVB), but things didn’t go as planned in 2022… The company is said to be exploring a few M&A options…
    Read here and here.

As a side note, VCs are « leaving » the crypto space and most are now looking into AI startups…

Table of Content

Following the events of mid-November 2022 with the largely predictable bankruptcy of FTX and Alameda, 2 sides of the same (crypto token) coin, I started to check the potential impact on the African continent, and the situation is likely to be very problematic, very quickly, for all those who have been ensnared in the vast crypto-exchange scam.

First of all, we have to ask ourselves why all the « cryptobros » have rushed to Africa since end of 2021, when Bitcoin was at its highest (see also my posts Bitcoin will save Africa?! and AfroBitcoin conference 2022).

The answer is simple: most Ponzi-based schemes offering digital assets (coins, NFTs…) need a permanent incoming flow of liquidity to allow the whales to get rich (from Pump & Dump manipulation to pure Rug Pull).
When the Western markets started to dry up with willing marks and other « greater fools », it was necessary to look elsewhere for « hard » money. The African continent has thus become the Wild West for these Wild Cat « private bankers« , as it was still largely underused as a cash cow.
The (young) Africans, eager for beautiful promises around « Cryptos, Freedom and Sovereignty » (see here, in French) and easy money like everyone else in the world, were more than receptive. Especially since pyramid schemes have always worked very well (MLM and others) in most African countries with some local « innovations » on a regular basis.

And so, everyone put the financial and human means to propose « tailor-made solutions », wrapped in academies, masterclasses and other field operations, on campuses or even in the countryside, with the same motto: cryptos will help to bank the poor and excluded populations, aka « Bank the Unbanked ». So offers have blossomed in all directions, either under the brand name (Binance for example), via a network of subsidiaries, or via investment in « FinTech » startups (Coinbase, FTX…).

All this, of course, with the support of institutions like the World Economic Forum and many well-known others…

Back to FTX in Africa

I am not going to repeat what has been happening since November, nor the history of the activities of Sam Bankman-Fried, « the financial genius », compared to JP Morgan, who was to change the world, according to numerous laudatory articles in the international press.

To put it simply, it « suddenly » appeared that SBF was using the funds deposited by its « customers » for many other purposes, and that at some point the « market » saw that the king was naked. It just took a few days for everything to fall apart. While many analysts are looking at what is happening between the US and the Bahamas, where FTX HQ is based, it is important to look at what this means on the African continent as well.

In the list of companies that appear in the petition filed in the U.S. Bankruptcy Court for the District of Delaware for relief under Title 11 of the United States Code, there are quite a few (and probably the selection below is far from exhaustive) on the African continent:

  • Alameda Research Yankari Ltd. (Nigeria)
  • B for Transfer Egypt
  • B Payment Services Nigeria
  • B Transfer Services Uganda
  • BitPesa Kenya Ltd.
  • BitPesa RDC SARL
  • BitPesa Senegal Ltd. – Based in Dakar, Senegal, Bitpesa Senegal Suarl is a Private Limited Company that was established in 2017. The organisation operates in the Services sector.
  • BitPesa South Africa
  • BitPesa Tanzania Ltd.
  • BitPesa Uganda Ltd.
  • BT Payment Services Ghana
  • BT Payment Services South Africa
  • BT Payments Uganda
  • BT Pesa Nigeria Ltd.
  • BTC Africa S.A.
  • BTLS Limited Tanzania
  • Exchange 4Free South Africa Br.
  • FTX EMEA Ltd.
  • FTX Zuma Ltd. (Nigeria)
FTX Petition BankruptcyDownload

When digging, for example, on the Terms of Service page for BitPesa™ Services, one can read the following « This Agreement is a contract between you and BTC Africa S.A. »

Then, there’s more information: « BTC Africa S.A is a company having its registered office at 50 Val Fleuri in Luxembourg, L-2520, in the Grand Duchy of Luxembourg and registered with the number B 211.963. BTC Africa S.A. is a registered PSD agent of B Transfer Service Limited, a Payments Services Provider registered in the United Kingdom and regulated by the UK Financial Conduct Authority and located at 1-3 Brixton Road, London SW9 6DE in the United Kingdom. »

The complex ramifications between all of these entities now appear clearly, and shows how complex it will be for anyone who sent funds via one of the publicly accessible platforms, to attempt to recover anything.

2 sides of the predatory front

In Africa, FTX/Alameda, like Binance, Coinbase and many others, have spared no effort to conquer customers…

For the last few months, FTX has had an aggressive game in campuses and rural Africa and was part of the huge investments flowing into African Fintech.

Some might call this a form of neo-colonialism: crypto-colonialism…

1 – Building « communities »

FTX Africa was « onboarding people like crazy in places that didn’t have stable banking access » in Ghana, Nigeria, Sénégal etc., using the infamous « Bank the Unbanked » approach as cover for their predatory scheme.

The likelihood for those who gambled in the unregulated FTX casino, especially small « investors », to get their funds back is close to zero. Imagine what this means for all those Africans who have answered the call of multiple recruiters, both online and in campuses or the countryside.

It went even further…

FTX was not only an exchange: they were building infrastructure that provided groundwork for mass adoption, onboarding unbanked in Africa, offering payment on and off ramp, as well as custodial wallets and credit cards.

“I was a campus ambassador in Nigeria. We were doing crazy work in Nigerian universities and towns as regarding crypto education and Web3 onboarding, all sponsored by FTX. I wouldn’t even mention the amazing impact of FTTDAO.”

2 – Investing in FinTech

FTX in Africa, just like many others, invested heavily in Fintech startups, even looking to create « unicorns » on the African market, mainly targeting those involved in remittance or wallets.

The much praised startup Chipper Cash is supposed to have received $150M in november 2021 at $2B valuation. It’s not at all clear today if they got the total amount of money that was promised, and if the valuation still stands (FTX marked down Chipper Cash’s $2B valuation to $1.25B).

But there are many more:

  • MARA raised $23M from Coinbase Ventures and FTX to build Africa’s portal to the crypto economy. » – may 2022
  • FTX and Tiger Global invest $350M in NEAR protocol. NEAR protocol partners with local blockchain community Sankore to launch a regional hub in Kenya dedicated to ongoing blockchain innovation, education and talent development throughout Africa.” – april-may 2022
  • Other names have circulated (to be verified): Kuda, Piggyvest, etc.
    Some of them may have funds stuck with FTX as they held deposits there…

And the list is probably much, much longer… All this was done with the clear goal to target the numerous Fintech startups that try to build solutions for the continent and onboard customers.

The question to ask here should be if there was a « quid pro quo » in the contract(s) they signed…
Well, as we’ve already seen, some of these startups had to, or decided to, send their cashflows and customers’ funds to FTX and used it as a « bank ». Unfortunately, a few of them already had to lay off part of their staff, as Nestcoin did, and others « monitor » the situation (dLocal…).
What will happen when regular people will try to withdraw from their accounts, now that this sand castle has collapsed?

Update: ChipperCash denied having funds locked due to FTX bankruptcy, but…

With the numerous Fintech startups that were created these last years, there was already a big problem: they all try to target the same small Total Addressable Market (TAM) in most countries. When they are incentivized by huge fundings, at ever growing valuations, to onboard even more customers, the risk on local economies becomes systemic, if all the money disappears suddenly.

But there’s an even dramatic aspect already lurking around: clawbacks! Recoveries and clawbacks will probably also extend to VC investments made by SBF/Alameda/FTX. We’ll see in 2023 who gets stripped of their funding rounds…

Can it get worse? Of course!

Crypto market analysts consider that Alameda bought 70% of the USDT (Tether) token, the so-called “stablecoin” that holds (Monopoly-style) the crypto-currencies market, printing money out of thin air to sustain the Bitcoin price, and whose « reserves » are mostly « undetermined ».
Just check what’s happening in San Salvador, if you would like an idea of how Bitcoin and Tether destroy a country.

However, USDT is the « monetary » engine of most P2P platforms, widely used for buying and transferring cryptos, especially in Africa (with platforms like Binance, Paxful…). If the USDT token collapses, which has been a recurring risk for a long time, many if not all crypto-platforms in Nigeria, Kenya, Ghana, South Africa, to name only the biggest countries, will go down after locking withdrawals.

See Paxful’s original tweet or read here

The end of this great unregulated casino may come sooner than many think…

See also: End of the Crypto P2P in Africa (FR)

« FTX in Africa » – Conclusion

For months now, it’s been widely known by crypto-sceptics and crypto-opponents that the « industry » is faking it: the system is empty, there’s no liquidity in the various parts of the big Rube Goldberg machine, just expandable gas. All that is missing is a spark for everything to explode.

Other exchanges are on the hot seat and under the microscope, like BlockFi, Binance, Coinbase, etc. They already make analysts worry for the short/medium term, due to how their reserves are built (mostly around their own token, that they then use as collateral for loans, rinse and repeat).

FTX/Alameda could be a first spark…

What will happen to small African investors & users?
Thoughts & prayers are not enough here.

On the African continent, it’s clear that digital innovation, including digital and mobile money, is important, but not at any cost. That’s why it seems urgent to:

– Enforce local or regional digital & mobile money regulations, as too many Fintechs work in « grey areas » without proper impact evaluation, and do so till they get caught or die, leaving customers in disarray.

– Check how companies really operate locally, under what license and regulations. For example, a few days before filing for bankruptcy, the use of Franc CFA (XOF) was allowed by FTX in Africa.

FTX launching XOF (Franc CFA) deposits on 11/3/2022

Was the BCEAO, Central Bank for the region, aware of it? Was this allowed and under what regulations?

Another example: when a Fintech startup is created by African people in Delaware, California or elsewhere in USA or any kind of fiscal paradise, exclusively for designated African markets, Due Diligence by Central Banks should be mandatory on areas such as governance, funding, regulations, cashflows, tax evasion, money laundering (many alerts already between Kenya and Nigeria)…

– Create mandatory sandboxes in regional and/or local Central Banks and have all Fintechs, old or new, go through them on a regular basis. Self-evaluation and/or certification is far from enough.

– Protect customers with knowledgeable law enforcement.

– Evaluate what the “Bank the Unbanked” motto really means on the ground, to avoid predatory actors to seize this « opportunity » for frauds, scams and ponzis. Banks and Telcos, could offer real solutions to many on the continent, if properly built through specialized mobile virtual operators, such as « financial MVNOs » [post in French].

Many try to push Africa to leapfrog into the digital revolution, without working on the basics, such as enforced laws and regulations.
The dramatic FTX/Alameda collapse should be a wake-up call… if it’s not already too late.

#BlockchainCryptosWeb3 #Afrique #BankTheUnbanked #Banking #Bitcoin #Cryptomonnaies #English #FTX #NFTs

Bancarisation en UEMOA

https://www.didiermary.fr/bank-unbanked-bancarisation-uemoa/

La bancarisation en UEMOA, et ailleurs sur le continent, revient dans de nombreuses interventions, tant par des startups FinTech, que les “cryptobros” ou les institutionnels.

Partout, on peut lire que le “numérique” va sauver l’Afrique (Bitcoin en particulier, mais ça n’arrivera jamais, croyez-moi…), que le continent va faire un bond au-dessus de la révolution industrielle pour directement passer à celle du numérique, le fameux “digital leapfrog”…Long sujet à débattre, si vous le souhaitez, mais je continue à creuser le sujet de multiples manières. J’y reviendrai bientôt.

Depuis la pandémie COVID-19, mes activités se sont largement “calmées”. J’ai donc décidé de réfléchir à des projets combinant mes expériences globales et récentes sur le terrain, ma connaissance de la sous-région, et une analyse des besoins des populations au milieu desquelles je vis directement au quotidien.Pour faire un point global du marché, j’ai donc parcouru de nombreux documents publiés par la Banque Mondiale, le FMI, le GSMA, l’OCDE, certaines Banques Centrales, etc. et commencé à synthétiser l’ensemble, pour imaginer des pistes éventuelles à explorer.

Creativity

Le test ci-dessous est un court descriptif d’une idée et projet sur lequel j’ai travaillé en 2020-2021 et dont le sujet vise à réfléchir à une approche différente du problème. C’est une entrée en matière qui sera approfondie dans d’autres billets à venir.

Il existe de nombreux freins vers le numérique pour la majorité des populations, dont les femmes très nombreuses dans le secteur informel. L’un en particulier est l’accès au système bancaire, ou tout du moins à des solutions simples, accessibles, en langues locales, ouvrant la porte à des offres de micro-crédit, de prêts personnels ou d’assurances (santé, rentrée scolaire…), d’épargne (y compris de groupe, type tontine), etc.

Définition du problème

Bien sûr, plein d’acteurs institutionnels et de startups ont développé des applications pour téléphones mobiles, mais qui restent le plus souvent assez inaccessibles pour la majorité, car il convient de ne pas oublier les taux d’illettrisme et d’illectronisme élevés dans les populations. Les applications proposées ne répondent en général pas aux attentes de tous, mais seulement d’une partie des populations, principalement celles qui sont déjà dotées d’un smartphone et qui, théoriquement, savent s’en servir.

Les barrières pour accéder au numériqueBases de réflexion

Il conviendrait donc d’imaginer un modèle différent, social et évolutif, qui se base sur les besoins concrets des populations qui sont actuellement hors du schéma “classique”. Les problèmes à résoudre sont, par exemple :

  • accéder à un smartphone récent, de bonne qualité, facilement configurable et si possible ouvert et évolutif,
  • pouvoir à coût raisonnable, utiliser des services de téléphonie (voix, data) et de Mobile Money, dont l’importance sur le continent n’est plus à démontrer aujourd’hui,
  • disposer de lieux de présence pour disposer d’une assistance dans l’utilisation en langue locale au plus près des activités quotidiennes des utilisateurs et utilisatrices, comme les marchés par exemple pour les “bonnes dames”,
  • accéder petit à petit à des solutions d’épargne (personnelle ou collective) ou au micro-crédit…

Il me semble par ailleurs, qu’il conviendrait de penser à 2 importants volets, au-delà de l’accès à des données et informations financières “de base” pour tous :

  • une approche “WEEE” pour recycler les vieux téléphones (voire tout autre équipement électrique ou électronique),
  • un service gratuit de “soutien psychologique”, type hotline assurée par de jeunes professionnels formés, car la santé mentale (dépression par exemple) est un sujet encore très tabou sur le continent.
Les fondamentaux derrière un projet de bancarisation

Bien sûr, de nombreuses organisations (ONG de micro-finance par exemple, voire certains gouvernements) proposent déjà des solutions, mais, à mon humble avis et selon mon expérience terrain, les résultats ne sont pas toujours vraiment satisfaisants pour toutes les parties.

Bancarisation en UEMOA et télécoms

Après d’intenses cogitations, il me semble que le secteur des télécoms, si tant est que les régulations légales et régionales le permettent ou prévoient des ouvertures, est le mieux placé pour avancer dans ces directions, et on voit d’ailleurs s’amorcer quelques mouvements dans cette direction dans d’autres pays.

Les banques le pourraient également, mais, pour la plupart, elles ne sont pas vraiment encore prêtes à innover dans leur relation avec leurs clients. Elles tentent “des choses”, mais les machines internes et les habitudes sont trop lourdes pour permettre une certaine agilité, même si elles donnent l’impression qu’elles veulent changer.

Quant aux startups type FinTech, elles ciblent surtout des populations qu’elles sont sûres de pouvoir atteindre afin d’en tirer bénéfice “facilement” et se retrouvent toutes en compétition sur les mêmes segments de marché, dans des zones où le TAM (Total Addressable Market) est beaucoup plus réduit qu’elles ne veulent l’admettre (on le voit très bien au Nigeria par exemple). Donc, à part dans le discours, la réalité de leurs modèles économiques est extrêmement restreint, voire irréaliste à terme.

Pour conclure, il me semble que seul un opérateur télécoms, présent dans de multiples pays et prêt à réfléchir une stratégie innovante sur la base d’un modèle MVNO, organisé autour d’un ou plusieurs segments de population précis, combinant offres de télécommunications et services financiers, pourrait apporter au marché la dynamique nécessaire dans la zone UEMOA.

A suivre…

#bank-the-unbanked #financement #parrainage #projet